Le moteur étant parterre, c'était l'occasion de lui donner un coup de jeune aussi.
J'ai commencé par sabler toutes mes tôles moteurs (mais pourquoi j'ai attendu aussi longtemps pour me faire une cabine de sablage?!), et je les ai amenées chez un carrossier pour une belle laque noire :
Là! Ca aura plus de gueule comme ça, non?
Culasses
J'avais un filetage de bougie (n°3) qui m'inquiétait un peu, donc déculassage pour inspecter... Finalement un coup de taraud suffira pour le rappeler à l'ordre.
J'en profite pour dépoiler la culasse (35.5/32 DA), nettoyage des conduits et soupapes, contrôle... Et même manip avec l'autre culasse par précaution.
Tout va bien, pas de fêlures, aucun filetage arraché... Un nettoyage poussé et ça roule.
Échappement
Au passage, je vire l'hideux échappement qui équipait Kitty depuis que je l'avais achetée, pour le remplacer par un CSP Python 38mm, avec ses boites de chauffage spécifiques... Pas donné le bébé, mais beau produit. Et avec le 4 en 1, je devrais avoir une mesure de lambda cohérente... Enfin, j'espère!
Un peu overkill pour mon 1600, mais au moins je serai équipé quand je voudrai monter un moteur plus gros! (spoilers alert!)
Au passage, coup de chapeau au service après vente CSP : je n'avais pas le bon silencieux, ils me l'ont changé par deux fois, en envoyant un transporteur pour récupérer l'ancien à chaque fois, sans que j'aie un euro à débourser, et tout ça juste en leur envoyant un mail.
Y'a certains shops qui devraient en prendre de la graine!
Remontage et... la Boulette.
Je remets le moteur dans la voiture pour un premier démarrage en MS, avec l'allumage à étincelle perdue (sans allumeur / distributorless), mais sans l'injection, encore en carbus, juste pour valider mon montage.
Un entonnoir et un bout de durite accrochés au plafond suffiront pour apporter un peu de carburant dans le système...
Et là, je fais la boulette...
La bourde de classe 1...
Huit sur l’échelle de Richter de la connerie... J'oublie de retirer l'arbre d'entrainement de l'allumeur.
Au démarrage, il remonte, sort de son logement en bas, se met en travers, se bloque dans le carter, et m'usine le pignon entraîneur sur le vilo, me foutant des copeaux de cuproalliage partout dans le bloc...
Le moteur a du tourner maximum 8 secondes, mais c'est trop tard, retour case départ, il faut ressortir le moteur, ouvrir le carter et tout nettoyer!
J'm'en souviendrai de celle là, tiens... F*CK!
Salve d'applaudissements pour la connerie de l'année... Et en parallèle, assouplissement des genoux pour me foutre quelques coups de pied au c*l.
Pfff, et dire que j'étais à deux doigts de pouvoir rouler... Grrrr!!!
Ceci dit, il a démarré nickel, donc montage allumage/MS validé.
Bon, ben y'a plus qu'à ouvrir, tout nettoyer, contrôler, un jeu de coussinets pour avoir l'esprit tranquille et refermer le bloc hein? Ça va être facile, hein, dites, hein?
Sauf que rien n'est jamais simple... Ça serait trop simple.
Re-démontage et ouverture du bloc
Je n'échappe donc pas aux mauvaises surprises au démontage : déjà, rien qu'en tombant le volant moteur, belle fuite au joint spi...
Ensuite, le vilebrequin a des marques de bleuissement qui ne me plaisent pas. Renseignements pris, ça pourrait venir de l'usinage des paliers, mais quand même, il est bien marqué, pas très envie de remonter ça moi... Bref, continuons.
Les poussoirs usés jusqu'à la corde... Tout va bien...
L'AAC est bien marqué aussi, évidemment.
Ça commence bien...
Je sors ensuite le matos de métrologie, pour voir ou on en est... Micromètres (palmer), comparateur d'alésage, pieds à coulisse, petit marbre, vés de bridage, supports magnétiques, piges télescopiques, Plastigauge, jauge de profondeur, cales étalon, j'ai fini par m'équiper correctement au fil des années, ça me permet une certaine autonomie dans le contrôle de mes pièces.
Pas donnés les joujoux, mais entre eBay, LeBonCoin et les annonces du forum Usinages.com, on peut faire de belles affaires si on est patient, et s'en tirer à moindre coût!
Le vilebrequin y passe en premier...
Et bim, ça continue, 0.07mm de faux rond! La RTA donne 0.02 max, on est déjà hors des clous!
Je mesure ensuite les tourillons : ils sont OK, en cote standard (un peu trop d'ovalisation sur le N°3, 0.05 au lieu de 0.03 max, faudrait que je reprenne mes cotes pour confirmer).
Tourillon 1 : 54.988 / 54.985 / 54.988
Tourillon 2 : 54.980 / 54.980 / 54.980
Tourillon 3 : 54.988 / 54.985 / 54.983
Tourillon 4 : 39.994 / 39.993 / 39.993
Bon... Disons qu'il est sauvable en rectification... Mouais, ça ne m'enchante pas plus que ça comme solution.
Puis vient l'heure du contrôle du carter... Je sors le comparateur d'alésage, et là, on rigole :
Palier 1 : 66.02 / 66.03 / 66.04
Palier 2 : 65.51 / 65.51 / 65.49
Palier 3 : 65.49 / 65.49 / 65.50
Palier 4 : 50.57 / 50.58 / 50.57
Ouaip. Le palier 1, coté volant moteur, est en dernière cote rectifiée à -1mm (confirmé par le marquage sur le coussinet : "KolbenSchmidt EXT 1mm, INT STD"), alors que les 3 autres sont rectifiés à -0.5!!
Non mais oh, y'en a un qui s'est endormi sur la fraiseuse chez VW South Africa????
Arrivé à ce niveau, je me dis que finalement c'est un mal pour un bien que j'aie ouvert mon bloc... Il avait beau marcher fort, il aurait peut-être pas été très loin.
Donc, on passe au plan B.
J'ai un carter embiellé AS41 de coté (code "A"?), acheté il y a des années à Dangerous, en me disant qu'un jour je me monterais une mécanique un peu plus musclée...
Il y a précisément 25 ans aujourd'hui, le 23 Novembre 1988, était mise en circulation ma voiture de tous les jours, mon "Krapo Bleu"!
Je me suis dit que c'était l'occasion lui rendre un petit hommage, pour fêter son quart de siècle, dont 16 ans (et 120.000km) à mon service : je l'ai en effet achetée en août 1997 pour 23.000 Francs (~3500€)!
Ma "vieille amie" est une donc une Golf 2, d'une série limitée créée en 1988 pour célébrer la 10 millionième Golf produite, et nommée pour l'occasion "10 Millionen" (mais renommée "Champ" pour le marché français, allez comprendre)...
Sellerie, jantes, vitres teintées bleu et peinture spécifiques, c'est un modèle pas courant! J'ai d'ailleurs récemment déniché la plaquette qu'on trouvait à l'époque dans les concessions allemandes (collector!) :
Les Golf ont fait du chemin depuis, puisque la 30 millionième sortait des chaînes en Juin dernier!
Je l'ai vraiment secouée dans tous les sens celle-là, et lui ai fait transporter tout et n'importe quoi :
Il lui est arrivé de souffrir (roulé avec niveau d'huile et d'eau trop bas, voire sans bouchon sur le réservoir d'expansion, roulé trop chargé avec les pneus AR qui frottent dans les ailes... Pas bien!), de me faire des misères (radiateur d'habitacle qui explose et balance de la flotte bouillante sur les pieds, trous d'évacuation d'eau de pluie qui se bouchent et hop 20cm de flotte dans la caisse, etc...), de prendre des coups (au fil des ans on m'a plié deux ailes, un pare-chocs, les deux portes coté passager, etc...), de subir les intempéries (jamais dormi au garage...), mais au final elle a toujours été fidèle et démarré au quart de tour! (enfin, presque!)
Par rapport à la monte d'origine, elle a subit un droppage léger (-40mm) avec un jeu de ressorts Apex, et un jeu de pompes Bilstein B4 (après une longue période en Koni Sport rouges réglables, efficaces mais trop durs).
Malheureusement les jantes d'origine spécifiques en 14" étaient bouffées en profondeur par une sorte de corrosion de l'alliage, je les ai remplacées par un set d'ATS Cup en 15" (trouvée neuves sur eBay Allemagne, avec leur certificat de conformité VW/TÜV!), chaussées en Yokohama Parada 195/50/15 (super gommes, pas chères, à recommander!). L'ensemble tient franchement bien le parquet!
Je n'imagine pas m'en séparer de ma vieillerie, on s'y attache à ces bestioles!
Mais bon, elle commence à vieillir, va falloir lui prévoir un voile de peinture un de ces quatres... Et si l'un de vous a un plan pour un bloc 1.8 GU (90cv carbu) pas trop kilométré, je suis preneur!
Pour passer en injection, il faut évidemment pas mal de pièces spécifiques... Voilà ce que j'ai utilisé!
Admission :
Coté admission, j'utilise les pièces issues des 1600i équipant les dernières Coccinelles mexicaines : pipe d'admission complète, corps papillon, et le pied d'alternateur spécifique (merci Laurent!).
Un gros nettoyage (microbillage ou bac à ultrason, selon les pièces), quelques joints, et c'est prêt à monter!
J'ai aussi commandé quelques pièces neuves (rampes d'injecteurs, joints de pipe et d'injecteurs), directement au Mexique, via un vendeur sur TheSamba (Antonio Trejo, spécialiste de ces pièces, très bon contact!).
En revanche, je n'utiliserai pas la pompe, le régulateur, les injecteurs ou le boitier d'injection d'origine Mex : la technologie a bien progressé depuis, autant utiliser ce qui se fait aujourd'hui!
Injecteurs :
Les injecteurs d'origine sur les cox Mexico sont des "EV1", une ancienne génération d'injecteurs qui a un flux de sortie qui ressemble à celui d'un pistolet à eau (sortie monotrou)... Je voulais passer en EV6 (sortie multitrous) pour avoir un meilleur mélange air-essence (voir cette video pour comprendre la différence de diffusion).
Pas évident de trouver ça pour nos "petits" moteurs. Finalement, j'ai adapté des injecteurs de Saxo VTR (Bosch ref.0280155794, 135cc @3bar) qui m'ont l'air pas mal, et se trouvent à pas cher en occasion.
Un coup de tour pour les ajuster et ils se montent, via un petit adapteur (voir ici).
Circuit Carburant :
La pompe d'injection est une Walbro, marque réputée : modèle GSL391, 190l/h, bien plus que nécessaire pour un petit 1600.
Le régulateur de pression, indispensable sur une injection, est un modèle générique à bas prix (40€ chez VA MotorSports, ou sur eBay Angleterre). J'en connais qui roulent avec sans problème, mais je garderai quand même un œil sur lui au cas où...
Comme je ne voulais pas percer/souder mon réservoir pour la ligne retour, j'ai opté pour un réservoir tampon d'1 litre (swirl pot / surge tank, pour les anglophiles), alimenté par gravité , placé sous le réservoir (trouvé sur eBay en Angleterre chez Demon Motorsports, pour une quarantaine d'euros). Il devrait aussi éviter les déjaugeages en virage quand le niveau dans le réservoir est trop bas. A voir à l'usage...
J'ai commandé les différents raccords AN-6, et le filtre à essence haute pression sur eBay Angleterre aussi, chez Torques UK : prix corrects (toutes proportions gardées, ça coute vite un bras les raccords avia!), livraison rapide, et une gamme archi-complète. Une adresse à conserver.
Je reviendrai en détails sur l'installation du circuit carburant dans le post dédié.
Capteur PMH :
L'un des points délicats de tout le systême est l'installation d'un capteur PMH précis, fiable... Et idéalement, discret!
J'ai choisi la solution de TheDubShop (excellent contact avec Mario Velotta au passage), avec une poulie Damper (Black Equalizer 2.6kg/5.5lb) que j'ai faite équilibrer (Feller Service). Elle est montée avec une vis de poulie plus longue de chez Gene Berg.
Le capteur VR est fermement fixé sur le bloc, caché derrière la poulie, il faut juste percer la tôle pour le laisser passer. Une solution super propre...
J'ai juste remplacé le connecteur d'origine sur le capteur VR par un modèle plus courant et étanche : il vient se connecter sur le câble blindé qui rejoint la MS.
Avant de jeter la poulie sur le moteur, j'ai voulu tester l'ensemble, pour vérifier le câblage du capteur, sa sensibilité, l'entrefer, etc. Pour ça, j'ai monté le tout sur mon tour, via une DB37 faite exprès, avec juste l'alimentation et le capteur VR dessus (fond sonore BBC News!) :
Résultat : tout fonctionne nickel, j'ai une lecture propre du signal dès 30 tours/minute, même avec plusieurs millimètres d'entrefer. Y'a plus qu'à monter ça sur le moulin!
Sonde O2 :
Pour permettre à la MS de contrôler le rapport stœchiométrique, et donc parametrer mes tables sur la MS, j'installe une classique sonde à large bande Innovate LC1, avec mano sous le tableau de bord pour garder un œil dessus.
Le boitier électronique de la LC1 prendra place dans le compartiment moteur, dans la contre-aile droite. Les premiers tests sont positifs, j'espère qu'elle tiendra dans le temps, j'ai vu pas mal de retours négatifs sur ce produit récemment.
Allumage :
L'allumage est jumostatique (à étincelle perdue), contrôlé directement par la MS : pas de module Ford EDIS au milieu, pour pouvoir contrôler le Dwell via la MS... Et surtout, plus d'allumeur!
J'utilise une bobine de la gamme Ford (montée sur les Fiesta/Escort, ref. Bosch F000ZS0212), mais elle nécessite des clips de fixation des fils HT spécifiques. Je me fabrique donc un faisceau d'allumage en récupérant ces clips d'un faisceau de Fiesta, et en les greffant proprement sur un faisceau Taylor 8mm.
Gaffe au démontage, la partie en laiton est relativement fragile... J'en ai d'ailleurs cassée une, mais j'ai pu la sauver en la ressoudant à la brasure argent.
Ensuite, pour monter la bobine jumo en lieu et place de la bobine d'origine VW, il me fallait un support : un bout d'alu, et hop...
Too much?
Oui, peut-être, mais je me suis fait plaisir... Pour le bouchonnage, j'ai réutilisé le gabarit que j'avais fait pour le tour, du coup ça m'a pris un rien de temps pour en arriver là.
Les bougies passent en NGK, écartement poussé à 0.8mm, mais je devrais pouvoir encore l'augmenter un peu par la suite : l'allumage jumo permet de doubler le Dwell, et d'avoir une belle grosse étincelle à la bougie!
Voilà pour le hardware... Y'a plus qu'à installer/brancher tout ça!
Le "cerveau" du montage est un boitier d'injection Megasquirt : j'ai choisi la MS2, en circuit V.3, c'est à dire en composants classiques, par opposition à la V.3.57 qui est livrée toute montée en CMS).
Pour ceux qui ne connaissent pas, la Megasquirt est un calculateur (on parle généralement d'ECU), avec un firmware embarqué open-source capable de gérer à peu près tout ce qu'on peut imaginer : moteurs de 1 à 12 cylindres, atmo ou compressés, injection staged/semi-séquentielle/séquentielle, allumage à étincelle perdue ou séquentiel, Dwell, NOS, lambda, injection d'eau, valve d'air additionnel, limiteur de régime, correction barométrique, etc... Evidemment je n'en utiliserai qu'une partie.
Le calculateur est programmable depuis un PC via un logiciel spécifique (voir article "software") qui permet de corriger les paramètres moteur sans même devoir arrêter ce dernier!
La MS prend donc différentes informations en entrée, depuis des capteurs placés sur le moteur :
Capteur PMH sur la poulie de vilebrequin (capteur VR)
Sonde pression pipe d'admission (MAP / Manifold Air Pressure)
Position papillon (TPS / Throttle Position Sensor)
Sonde température d'air à l'admission (IAT / Air Intake Temperature)
En fonction de ces paramètres, la MS gère en retour le moteur : pompe à essence, injecteurs, allumage, valve de ralenti... Voir peut-être un peu plus dans mon cas, à voir!
J'ai acheté le boitier chez DIYAutoTune en kit à assembler. Pas vraiment difficile à faire si on sait tenir un fer à souder (prévoir quand même une station de soudage thermorégulée et bonne lampe-loupe), par contre j'y ai passé presque 12 heures! C'est faisable en beaucoup moins ceci dit, j'assemblais mon kit en parallèle d'un copain que je devais briefer au fur et à mesure (ses premières soudures! Allez Franck, motives toi pour ton montage!). On doit pouvoir monter le kit en moins de 6 heures ; le kit est très bien fait, tous les composants repérés avec leur référence dans des sachets séparés, il suffit de suivre le guide de montage.
Je pense que ça vaut vraiment le coup d'assembler son boitier soi-même, pas seulement financièrement, mais surtout pour comprendre comment tout fonctionne!
J'ai apporté quelques modifications (tout est très bien documenté pour faire ça!) à ma MS : j'ai flashé le firmware embarqué en MSExtra (options supplémentaires), je lui ai rajouté un transistor pour contrôler une valve de ralenti (air additionel, les cox Mexico 1600i en sont équipées d'origine), et j'ai câblé deux sorties pour contrôler la bobine d'allumage jumostatique.
J'ai monté les transistors de puissance commandant la bobine d'allumage dans un boitier séparé ("Spark Box"), fixé sous la MS. Ça permet d'optimiser leur refroidissement, de limiter les parasites, et d'éviter de surcharger l'intérieur de la MS dans laquelle y'a déjà du monde. Enfin, c'est juste mon point de vue hein...
Dans le même boitier prennent place les 3 diodes qui me permettent d'avoir un signal pour le compte tours (Tach Output).
L'ensemble prend alors place dans l'habitacle, sous la banquette arrière, coté conducteur, monté sur silentblocs.
Bon, ça, c'est fait... Y'a plus qu'à connecter tout ça, hum?