Petit voyage dans le temps aujourd'hui, avec 9 cartes postales du même coin de Juan-les-Pins : ce qui aujourd'hui s'appelle le Boulevard Baudouin, ou "Promenade du Soleil" (enfin, son début).
Neuf photos, datées de 1903 à 1967, qui permettent de voir l'évolution du lieu...
Cliquez sur la première pour l'agrandir, puis utilisez le bouton next pour passer à la suivante, la date du cliché apparaissant en légende.
A l'occasion, j'irai vous prendre en photo ce qu'est devenu ce quartier aujourd'hui (vous pouvez voir l'endroit dans Google Streetview ici)... Et si je trouve d'autres cartes postales du même lieu, je mettrai à jour cet article, histoire de suivre l'évolution à travers les ages!
Edit 15/06/2011 : Ajout de la photo de 1930 (avec le bus) Edit 22/07/2011 : Ajout de la photo de 1935 Edit 26/08/2011 : Ajout de la photo de 1967 (en couleurs)
Références :
Villa El Djezaïr, construite en 1922, inscrite aux bâtiments historiques.
Galerie du Casino, construite en 1926, inscrite aux bâtiments de France.
Destruction du Glacier Belge : archives Nice-Matin du 14/08/2003 "Les travaux de démolition de l'ancien Glacier Belge à Juan-les-Pins ont repris depuis 10 jours. [...] Fin des travaux aujourd'hui".
Encore une carte postale de Juan-les-Pins...
Graphiquement, cette photo n'apporte pas grand chose, le piqué n'est pas fameux, et la colorisation a masqué beaucoup de détails.
Non, c'est plutôt son verso qui est intéressant : la carte a été envoyée par le Lieutenant J. Robinson, un soldat américain alors en poste dans la région, à ses parents à Baltimore (Maryland).
Et la date fait froid dans le dos : le cachet du service postal de l'US Army indique 9 Août 1945.
Ce même jour, le bombardier Bockscar (nose art ci-contre) largue la bombe atomique Fat Man sur Nagasaki, faisant instantanément 30.000 morts, et bien plus encore ensuite par effet des radiations...
La guerre en Europe n'est alors finie que depuis 3 mois, et le Japon capitulera dans 6 jours, marquant la fin de la seconde guerre mondiale.
Du coup, le texte prend une autre saveur :
"Dearest Folks,
Am having the time of my life just looking at the beautiful nights of the Riviera.
Hope to be home soon.
Only wish that you could share this wonderful place with me.
Your loving son,
[illisible]"
Évidemment, ce soldat ignorait ce qui se tramait à l'autre bout du monde, et quand bien même, la censure de l'armée vérifiait le contenu de tous les courriers.
Au même moment, Tsutomu Yamaguchi était à Nagasaki, à quelques kilomètres de l'hypocentre de l'explosion. Trois jours plus tôt, il était aussi à Hiroshima pour affaires... Il a survécu aux 2 bombes ; il est décédé il y a quelques mois, en Janvier dernier.
La bombe de type Fat Man a été par la suite testée sur l'atoll de Bikini, qui a donné son nom au maillot de bain dont je vous parlais récemment, et qui avait été commercialisé avec le slogan : "Le bikini, la première bombe anatomique" (sic)...
Bon, allez, histoire de re-fêter les 100.000 hits sur ShamWerks, vous avez droit à une autre pin-up.
Mais pas n'importe laquelle! Il s'agit d'une n-ième carte postale de Juan-les-Pins à la grande époque (et préparez vous à une bonne série, j'en ai une dizaine à scanner!)...
La carte a voyagé en Juin 57 (cachet de la poste) ; on peut donc estimer que le cliché a été pris la saison précédente, en 1956.
Et des bikinis comme celui-là, en '56, ça ne devait pas courir les plages, si l'on en juge par le torticoli que se fait le passant à sa gauche!!
Il y a peut-être une explication : cette année là sortait le film "Et Dieu créa la Femme", dans lequel Brigitte Bardot fit scandale en apparaissant en bikini pour la première fois à l'écran ; du coup toutes les jeunes filles d'alors voulaient être à la mode en maillot deux pièces...
Toute une époque.
Ca faisait longtemps... Alors cette fois-ci, ce n'est pas une, mais deux cartes postales de Juan-les-Pins!
Oui, je sais, je suis limite mono-maniaque ; juste un trouble obsessionnel compulsif de plus à mon actif!
Les deux clichés sont du même carrefour au centre de Juan : le "Carrefour de la Joie" (ça ne s'invente pas) ; mais surtout, ils ont été pris presque sous le même angle, l'un de jour, l'autre de nuit! C'est ce qui m'a permis de créer le bandeau ci-dessus, en superposant les deux photos... D'où ce résultat un peu irréel, où les ombres et les gamins en maillots de bain de la journée, se mêlent aux éclairages néons et aux fêtards en costume de la nuit...
La photo de droite ci-dessus (de nuit) est datée de 1958 au dos ; pas de date en revanche pour celle de gauche (de jour).
Mais en l'étudiant de près, on voit une affiche pour un concert ayant lieu de Samedi 1er Septembre ; or,le 1er Septembre ne tombait un samedi qu'en 51, 56 et 62. D'après les véhicules présents (beaucoup d'américaines, de 4 chevaux, Vespa, Lambretta, Fiat 500), je pense que le cliché date de 56...
Notez, sur la photo de nuit, un Rumi Formicchino garé le long du trottoir à droite... Pas courant!
Un cadrage identique et deux années d'écart donc, entre ces deux photos, dont une a voyagé jusqu'en Belgique, pour finalement atterrir sur mon bureau un demi siècle plus tard... Et se retrouver scannée sur Internet. Wow...
Tiens, il y a une pancarte annonçant les Strip-Teaseuses du Crazy Horse au Casino... Dommage, 52 ans trop tard!
Juan-les-Pins, 2007. J'ai une affection particulière pour cette "ville"... Terme qui ne convient pas à ce qui n'est qu'un décor de pacotille, utilisé moins de 3 mois de l'année. Le reste du temps, on dirait un village abandonné dans un western à la Sergio Leone, il n'y manque plus que les balles de paille poussées par le vent...
Un décor de 300 mètres de long sur 100 de large. Ou l'on retrouve toute l'Histoire de l'Homme : séduction, jalousie, sexe, argent, cris, alcool, larmes, rires... une pièce de théâtre à ciel ouvert. Et la pièce se rejoue tous les ans... Depuis toujours, ou presque.
Juan les Pins, années '60... Tout a changé, et en même temps, c'est toujours pareil.
Au final, seule la tenue des filles a vraiment évoluée, délaissant la mode classe et sexy des sixties pour l'écœurant déballage de chair et de silicone du 3ème millénaire... Les temps changent!
A écouter en regardant cette photo : Dany Logan, "Mon cœur à Juan les Pins"...
Edit 18/04/2007 : Je n'avais jusqu'à maintenant qu'un scan partiel de cette photo... Je reviens aujourd'hui sur cette image (article d'origine du 2006/09/30), puisque j'ai mis la main sur la carte postale (merci eBay, pour changer!)!
La carte a été postée le 20 Aout 1967. Les Dauphines et les DS peuplaient les rues, une grande enseigne "Fly TWA" trônait au dessus du Crystal... Le GrandMarnier à gauche existe toujours, ainsi que le LunaPark juste à sa droite, qui est devenu un endroit plein de bornes d'arcades toutes plus bruyantes les unes que les autres... J'imagine qu'à l'époque, c'était plutôt les Flippers qui avaient la cote!
Encore une petite carte postale ancienne trouvée sur eBay... Repérée de longue date, je l'avais loupée à plusieurs reprises, mais j'ai fini par mettre la main dessus! Une merveille, avec en guest star un superbe Karmann-Ghia Low-Light...
En étudiant de très près la photo, on voit qu'elle a été prise en noir et blanc, et colorisée a posteriori. Le ciel, si parfait, est faux : à fort grossissement, il apparait que le ciel d'origine a été découpé, et remplacé par ce fond en dégradé! La retouche Photoshop de l'époque en somme...
Il n'y a pas de date indiquée, mais d'après les plaques d'immatriculations (la plus récente est 932 DQ 06) on doit se situer autour de 1956. L'affiche sur le casino annonce l'élection de la Reine des Fleurs de la Riviera pour le Samedi 23 juin. Il n'y a qu'en 56 que le 23 juin tombait un samedi, voila qui confirme l'année. En fonction de la lumière et des tenues des gens, on peut estimer que la photo a été prise vers Mai-Juin 1956...
Un demi siècle plus tard, le Crystal est toujours à la même place, la librairie aussi... L'Eden Beach Casino, à droite, par contre, est devenu un immonde building vitré, plongeant la rue dans l'ombre dès le milieu de l'après midi...
Tout au fond, au-dessus des pins, l'Hôtel Provençal était encore en activité ; la couleur ocre du haut est une erreur de colorisation, il était blanc immaculé. Ce bâtiment magnifique, gigantesque, a été construit en 1927, et a été l'un des palaces les plus en vue de la Côte d'Azur. Il a été abandonné au milieu des années 70, c'est aujourd'hui une énorme ruine - il semble qu'un énième projet de rénovation (pour y faire des lofts de luxe) soit sur pied néanmoins... wait'n'see...
Encore une carte postale de Juan les Pins trouvée sur eBay...
Je ne m'en lasse pas. Près d'un demi siècle plus tard, bien que les enseignes se soient modernisées, les établissements portent toujours le même nom, et l'ambiance estivale est toujours la même... Seulement un peu moins glamour, peut-être.
Juan les Pins, Mars 1977... Ca commence déja à ressembler au Juan d'aujourd'hui... Le Karmann-Ghia cabriolet garé à gauche ne vous aura sûrement pas échappé?
J'adore ces vieilles images... Voila 2 cartes postales dégottées sur eBay, écrites et postées en Mai 1959.
Cette rue est quasiment identique aujourd'hui, mais l'ambiance a changé... Evidemment, les voitures ne sont pas les mêmes, mais surtout, le touriste du 3ème millénaire est bien plus dégoulinant de crème solaire et de silicone, et en "veut pour son argent"... Exigeance qui le conduit inévitablement à ne pas respecter l'environnement (déja bien mis à mal dans la région) et à traiter tout le monde comme de la m...
Juste retour des choses, les restaurateurs locaux, qui font leur chiffre sur 2 mois de l'année, proposent des plats à la limite de la fraîcheur, ne cherchant pas du tout la fidélisation d'une clientèle qui de toutes façons ne reviendra plus...
C'est dommage, c'est bien dommage.
L'architecture est toujours là, mais l'esprit s'en est allé un peu... Sensation étrange que d'être nostalgique d'une époque que l'on n'a même pas connue, hum?
Cliquez sur les images pour les voir en grand, cadeau de Sham...