Histoire de passer un peu à autre chose, je m'occupe de mon carburateur, le petit Solex 28 PCI.
Après 57 ans de bons en loyaux services il mérite bien un coup de jeune...
En fait, je suis tombé sur une technique de nettoyage sur un forum dédié aux motos anciennes, et je suis bien curieux d'essayer : ils nettoient leurs carbus en les faisant tremper dans du jus de citron bouillant, directement à la casserole, et les résultats sont bluffants!
Du coup j'essaye la même méthode, mais dans le bac à ultrasons chauffé à 80°, en le remplissant de 6 bouteilles de Pulco Citron!
Après démontage complet du Solex, je le laisse dans le bac pour 3 séances d'ultrasons de 20 minutes, après quoi je rince soigneusement à l'eau claire (idéalement tiède pour éviter un choc thermique) pour virer l'acidité du citron, et séchage à la soufflette. Je lubrifie direct les paliers pour éviter toute oxidation...
Résultat : nickel!
Je pense que les ultrasons ne servent plus à grand chose, freinés par la pulpe en suspension ; mais ils contribuent à agiter le liquide, et ça aide.
Je remonte donc le carbu avec un kit de rénovation - les joints étaient archi secs, la membrane de pompe de reprise bien rigide... Il était temps de le faire.
Evidemment, tout se passait trop bien, je remonte le gicleur sur le tube d'émulsion, serrage léger léger parce que je sais que c'est fragile... Et crac. F*ck.
Heureusement, la pièce se trouve en NOS sur eBay (en Italie)... Dix jours d'attente de la pièce, et on y retourne. (note, il existe une alternative, une repro du tube tout en laiton disponible chez Bob Services : merci SebCore pour le tuyau!)
Extraction : taraudage M3, on tire... Et seule la partie laiton sort. On y retourne, taraudage M5, on tire... Et cette fois ça vient. Yes!
Le nouveau tube est inséré après avoir chauffé (légèrement hein!!) le corps du carbu avec un décapeur thermique. Le tube lui même est refroidi avec quelques giclées de nettoyant freins + soufflette. Il ne rentre pas tout seul pour autant, il faut le convaincre un peu avec un chasse-goupille et un petit marteau, en calant le carbu dans un étau. Gaffe hein, c'est fragile!
Ne reste plus alors qu'à tout remonter avec les joints neufs, en remplaçant aussi au passage les petites goupilles sur la tringlerie, devenues cassantes avec les années.
Et hop, un carbu tout neuf! (ou presque!)
Il va directement dans un sac en plastique, dans l'attente du jour où il retrouvera sa place sur le moteur...
Ca fait près de 4 ans que j'ai mon tour à métaux, et forcément, l'envie d'une fraiseuse pour lui tenir compagnie m'a pris y'a bien longtemps! (les heures passées à traîner sur le forum usinages.com n'aidant évidemment pas).
Sauf que dans ma région, ce genre de matériel, c'est rare ; pas comme dans le nord ou l'est de la France, qui ont un passé industriel, et où les occasions peuvent se présenter régulièrement.
Mais surtout, mon atelier est vraiment pas grand, il me faut une petite fraiseuse... Idéalement une Deckel FP1 (mais totalement intouchable financièrement), ou une petite Graffenstaden, une WGM... Ou en étant moins gourmand sur les courses, une Schaublin (hors de prix aussi), une Crouzet...
Bref, je gardais un œil sur les petites annonces dans mon coin (parce que transporter une bécane de + de 500kg c'est mieux si c'est pas trop loin!) sans trop d'espoir...
Et finalement, les années de patience ont payé : en juillet dernier, une de mes alertes LeBonCoin me sort ça:
Une petite Crouzet-Valence FC100, (même marque que mon tour), à 30 minutes de chez moi!
Pour les curieux, la doc est disponible ici.
Une vérification rapide sous Sketchup qu'elle rentrera dans le garage, et j'appelle direct le vendeur, qui me dit avoir reçu de nombreux appels (il en était très surpris) : premier arrivé premier servi! Alors je saute dans la voiture et je vais directement voir la bête pour bloquer la vente!
Les points négatifs :
Courses limitées : X 220mm / Y 100mm / Z 330mm. Ca limite sérieusement ce qu'on peut faire avec... Mais parfait pour apprendre, et suffisant pour taper des culasses!
Il lui manque ses manivelles/verniers X/Y, et celle du Z est cassée. Pas difficile à retrouver.
Tête en W20, pas évident pour trouver de l'outillage.
C'est un modèle sans avance automatique (pas qu'elle ait été démontée -cas fréquent-, la machine avait été commandée spécifiquement comme ça), ce qui ne me gène pas trop parce que j'ai une idée derrière la tête.
Les points positifs :
La FC100 est une bonne bécane, rigide et lourde.
Elle est en bon état, peu/pas de jeu : elle a visiblement peu servi. Apparemment elle avait été achetée neuve par l'Aérospatiale (qui a un centre assez important dans le coin), et n'a jamais été utilisée que pour des petites passes.
Elle a la tête universelle inclinable.
Le cone W20, c'est pas idéal, mais comme c'est la même chose sur le tour, j'ai déjà le tire-pince et quelques pinces d'avance!
Mais surtout, le gros plus : le prix! Pour 300€, je ne pouvais pas la laisser passer!
Bref, elle est rapatriée le 29/7 : j'ai été obligé de la transporter couchée sur le dos, la hauteur de l'entrée de mon garage ne permettait pas l'option debout... Pas idéal, mais pas le choix. A croire d'ailleurs que le Citroën Berlingo (de location) a été spécialement conçu pour transporter cette fraiseuse, elle rentre tout juste en position couchée!
Le chargement s'est fait en 5 minutes au fenwick chez le vendeur... Par contre le déchargement a été plus sportif, même en utilisant une grue d'atelier prêtée par le garage d'en face, deux bonnes heures de musculation... Merci encore pour le prêt, sans ça on ne la sortait jamais! Et surtout, merci 1000 à Xav'Yeah pour son coup de main, 450kg de fonte à manipuler dans un box surchauffé, c'est fun! (désolé de toujours t'embarquer dans mes galères ma caille!)
La bête restera sur le dos jusqu'au 8 Novembre, le temps de me dégoter une grue d'atelier (gros problèmes de livraison, ça a traîné), et de libérer un peu de temps pour m'en occuper. Mais ça y est, la fraiseuse est debout! Ca a été un peu sport à faire tout seul, mais elle est enfin à sa place définitive!
Elle va devoir attendre un peu que je trouve du temps pour m'occuper d'elle. Pas de grosse restauration en vue, elle est déjà propre, un gros nettoyage suffira (quoiqu'elle serait belle avec le même vert martelé que le tour...). Et peut-être quelques moteurs pas à pas pour piloter tout ça...
Les habitués de ce blog ont déjà entendu parler de "Krapo Bleu", mon daily driver depuis près de 19 ans (ouch, la claque) : une Golf 2 de 1988, édition 10 Millionen ("Champ" pour le marché français).
Comme je le disais dans mon article de Novembre 2013, son moteur commençait sérieusement à trainer la patte (270.000km... et pas toujours bien traité, mea culpa!), consommait de plus en plus d'huile (genre un litre par mois!), pissait l'eau, surchauffait... Bref, il fallait faire quelque chose avant de se retrouver en rade, et prendre soin de "ma vieillerie" qui m'a rendu 1000 services...
Après une bonne année de recherche, j'ai fini par jeter mon dévolu (bienvenue sur Expressions de Vieux FM) sur un bloc trouvé sur LeBonCoin, en mai 2014, pour 200€. Pas évident de trouver la bonne occase, on essayé de me refiler des blocs au joint de culasse HS, ou à la courroie de distri cassée option soupape-dans-les-pistons, etc. ...
Ce bloc est identique au mien (oui, bon, OK, du coup on peut discuter de l'utilisation du terme "Swap"...), 1.8L 90cv, carbu Pierburg 2E2, mais avec "seulement" 130.000km (à peine rodé quoi! ). De quoi redonner un coup de jeune à mamie.
Il attendra patiemment un peu plus d'un an que j'arrive (enfin!) à avoir une semaine off pour le poser.
Je profite de ce temps pour le nettoyer complètement, lui changer les joints spi, courroie distri, joint de couvre-culasse, etc...
On est alors en juillet 2015, direction l'atelier de Laurent (Dangerous) pour profiter du pont et de la chèvre (quand même plus pratique qu'un cric dans un box hein!).
En avant, démontage du masque de la caisse, de tous les accessoires, on sangle la boite, et le bloc sort...
"Elle va marcher beaucoup moins bien, forcément..."
Blague à part, à cet instant là, j'ai la Golf avec le moteur par-terre, la Cox avec le pied-moulé à peine remonté, et le 1776 du Karmann avec les tripes à l'air... Pas rassurant c't'histoire!
Une fois le bloc dehors, j'en profite pour faire un grand coup de nettoyage dans le compartiment moteur, et virer les 27 années de poussière/gras/cambouis/etc accumulés.
Jusque là, tout va bien, avec un peu d'organisation, c'est même moins compliqué qu'il n'y parait.
Y'a plus qu'à poser le nouveau bloc (après y avoir transféré embrayage+VM, carbu, collecteur echappement et autres bricoles) ; la pose se fait assez facilement, il se met en place tout seul. Juste les brides d'échappement qui sont pas évidentes à placer sans l'outil spécial, mais avec une sangle à cliquet, tout est possible (#sangleacliquetpowah).
C'est à partir de là que les choses se compliquent... Grrrrr, c'est jamais simple!
1er démarrage : ca démarre au quart de tour, ça c'est la bonne nouvelle!
Par contre, grosse fuite d'eau, façon fontaines du Bellagio sur le coté du bloc, au niveau du plan de joint de culasse. Probablement dû à un mauvais stockage, ou un coup pendant le transport (pas impossible ça, moteur pas sanglé à l'arrière de la camionnette de loc, il avait été bien secoué le moulin)...
Il parait que "quand on a un problème mécanique, le mieux à faire c'est de faire de la mécanique" (je sais plus si c'est Confucius ou Platon qui a dit ça) : on sort la culasse, on la passe à la fraiseuse, craignant qu'elle ait vrillé. On récupère le plan de joint avec juste 12/100èmes, donc pas grand chose, la culasse n'avait pas bougé. Hop, on remonte avec un nouveau joint de culasse, et on y retourne.
2éme démarrage : cette fois-ci, fuite d'eau à la pipe d'admission (il y a un passage d'eau dans la pipe pour réchauffer le carbu). C'est plus le Bellagio, mais un bon Manneken-Pis quand même.
Démontage de la pipe, commande d'un nouveau joint, remontage à la CAF en serrant bien...
A partir de ce point, j'ai pris beaucoup moins de photos : plus trop le temps de jouer au paparazzi!
3ème démarrage : ça fuit toujours à la pipe d'admission ; moins que la première fois, mais ça fuit toujours.
Redémontage, et reremontage avec dose de pate à joint...
4ème démarrage : ça ne fuit plus à la pipe, alléluia!!!
Mais ça fuit maintenant sur le coté du bloc, derrière le cache de courroie de distri... On redémonte la distri, diagnostic : pastille de sablage. F*ck. Le truc improbable qui n'arrive jamais. Pas une grosse fuite, un goutte-à-goutte rapide, mais ça fuit.
On commande une pastille de rechange, on sort l'ancienne, pose la nouvelle... Et on y retourne.
5ème démarrage : Le moteur de fuit plus!!! Woohooo!!!
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Mais le radiateur, si. BORDEL DE GRRRRAAAAAHHHHH!!!!
Pas beaucoup, goutte à goutte, mais ça fuit. Il n'a pas apprécié le démontage... Classique.
Bref, commande d'un nouveau radiat', vidange du circuit de refroidissement pour la Nième fois, changement de radiateur...
6ème démarrage : CA NE FUIT PLUS! Du tout! Woooohooooo!!!
Y'a quand même un moment où j'ai hésité à l’appeler "Pisseuse" au lieu de "Krapo Bleu"!
Au total, l'opération qui devait se faire en 3 jours aura pris 3 semaines (en comptant les commandes de pièces nécessaires). Bonheur!
Un énoooooooooorme merci à Laurent/Dangerous pour son aide, son temps... Et son atelier que j'ai copieusement dégueulassé à force de vidanges de liquide de refroidissement!
Evidemment, y'a eu quelques soucis à régler derrière, l'usine à gaz qu'est le carburateur Pierburg 2E2 ne loupe pas une occasion de merdouiller... Alors qu'il fonctionnait très bien avant, il se remet à me poser des problèmes : prise d'air à sa base alors que semelle neuve, starter qui ne s'enclenche plus...
Bref, encore un peu de bidouille avant d'avoir un moteur qui tourne vraiment rond, changement de l'élément de dilatation, montage semelle carbu à la pate, remplacement du joint de couvre-culasse (pourtant monté neuf) qui fuyait, remplacement des 3 sondes de température...
Mais ayé, c'est fait, ça tourne comme au premier jour! Ou presque!
Une petite interruption de nos programmes pour parler de Ben, que je suis sur sa chaine Youtube (et son site "Kombi Life") depuis plusieurs années maintenant : il a remonté toute l'Amérique du Sud, puis du Nord, jusqu'en Alaska avec son Combi acheté au Chili!
Non sans galère, avec une bonne dizaine de démontages du moteur à la clé, mais toujours avec le sourire, des centaines de rencontres et des paysages incroyables!
Bref, si vous avez froid pendant l'hiver, allez jeter un oeil à ses vidéos, ça réchauffe! Et pour lui permettre de continuer son aventure, inscrivez vous à sa chaîne Youtube!
@Ben : Pura Vida buddy, thanks for sharing, can't wait for season 4!
Elvira : Réfection du Pied Moulé, épisode 3 : Fermeture du bloc
épisode 3 : Fermeture du bloc
QUATRE ANS! Quatre ans que j'attendais que les astres s'alignent pour le fermer ce bloc! E N F I N !!!
Carter moteur
Contrairement à ce que j'annonçais dans mon précédent post (en mars 2012...) sur le sujet, la métrologie du bloc n'était en fait pas si bonne.
En la reprenant à tête reposée avec mon nouveau matériel, je me suis aperçu que les paliers vilo étaient hors-cote ovalisation. Pas de beaucoup, mais j'allais pas remonter le carter comme ça, avec toutes les pièces que j'ai, c'aurait été du gâchis : Bielles NOS, axes de pistons NOS, coussinets de vilo NOS, coussinets de bielles NOS, tubes enveloppes NOS, tôles sous cylindres NOS (!), AAC "Okrasa" Joe Ruiz...
Du coup, j'ai envoyé le bloc chez Feller pour une ligne d'arbre en +0.5mm. Et là, il m'a fallu trouver des coussinets en cote réparation (dommage, j'avais des NOS VW en cote origine dans leur boite!)... Pas évident pour les pieds moulés! Classic-Store en a en stock, mais de piètre qualité (Sintermetal, fabriqué en Argentine), même eux recommandent de ne pas monter ça! ("mais ils ont le mérite d'exister")
Après 18 mois de recherches, je les ai finalement trouvés en Allemagne. NOS VW, 150€ le jeu hors port (ouch!), mais bon, pas vraiment le choix... On est déjà fin 2013, et entre-temps je me suis lancé sur le moteur du KG. Le pied moulé a alors sagement attendu sur son étagère...
Mais c'est fini, il est temps de refermer le bébé!
Janvier 2016, je vais chez Laurent (Dangerous - merci ma caille!) fermer le bloc : il a plus l'habitude que moi, et on sera pas trop de 2 cerveaux pour tout vérifier au montage. Ce qui ne nous empêchera pas d'oublier la tôle sous cylindre au culassage ceci dit...
Ca veut dire aussi un peu moins de photos étape-par-étape, conditions d'éclairage pas idéales dans son atelier.
Mais avant d'oublier, je replace les petites plaques de guidage des poussoirs (qui ont un méplat et ne tournent pas sur pied moulé). Serrage léger avec une goutte de frein filet, et je replie la patte de blocage sur l'écrou. Ca se fait un peu au feeling, le poussoir doit coulisser gras avec un très léger jeu.
Dans la foulée, je reprends la galerie sur le palier N°3 : sur les pieds moulés, le passage d'huile est usiné dans le bloc au lieu du coussinet, et le ré-usinage de la ligne d'arbre l'a sérieusement réduit. Je l'approfondis un peu à la Dremel, sur les deux demi-carters.
Bielles
Les bielles NOS sont d'abord mises au poids, dégrossissage à la meuleuse pneumatique, et finition à la lime électrique : j'ai 0.7g d'écart entre le plus lourde et la plus légère.
Leurs coussinets (NOS eux aussi) sont déglacés avec un bout de tampon Jex usé (à l'huile), installés, et le jeu avec le maneton de vilo vérifiés au Plastiguage.
Le vilebrequin est d'abord rhabillé avec les pignons AAC et allumeur, puis les bielles sont montées dessus, serrées au couple à 5mkg (dixit la RTA et la revue d'atelier, surprenant : 3.5mkg sur T1!), et dé-stressées (petit coup de marteau avec un jet en bronze pour libérer les contraintes liées au serrage).
Au montage, je lubrifie les manetons au Wynn's Supercharge, pour assurer la lubrification lors du montage et jusqu'au premier démarrage. Comme c'est très visqueux et collant, ça ne se fera pas la malle comme de l'huile...
Cylindres / Pistons
Les têtes de pistons sont passées au marbre : polissage pour limiter le transfert de chaleur.
Les cylindres ont été contrôlés en même temps que les pistons : tout est dans les cotes. Clairement le kit n'a que très peu roulé : perso j'ai du faire 2000km max avec ce moteur, je suppose que les chemises/pistons avaient été montés neuf dessus.
Bref, les cylindres sont simplement nettoyés et déglacés (honage), et sont déclarés bon pour le service.
Les pistons sont gentiment préparés : un petit chanfrein sur le bas de la jupe (à la lime electrique : super outil, il m'en faut une!) pour aider la création du film d'huile, angle cassé à la tête (doucement au papier de verre 800), et mise au poids (pas évident, 2 fonderies différentes, j'ai du me résigner à avoir deux plus lourds et deux plus légers, chaque couple mis en opposition 2 à 2).
Je contrôle derrière le jeu à la coupe des segments : la RTA donne entre 0.35 et 0.62, j'ai 0.35 serré sur les 8 segments d'étanchéité, parfait. Je les monte en y allant doucement sur la pince à segments, et en huilant tout bien ; on vérifie bien que l'inscription "top" est vers le haut, on tierce en tenant compte de l'orientation vers le VM (deux ouvertures du segment racleur en haut, décalées de 45°, deux ouvertures segments d'étanchéité en bas à 120°).
Finalement, les pistons sont emmanchés dans leur cylindre respectif avec un compresseur de segments, et beaucoup d'huile.
Culasses
Beaucoup de travail sur les culasses que j'avais trouvées à Valence...
Après un nettoyage en règle à l'essence F, je les ai microbillées pour y voir clair. Pas de mauvaises surprises, un micro-bout d'ailette cassé, rien de méchant ; et surtout, aucune fissure. Banco! ("je l'entends encore... Banco..." : un cookie pour celui qui capte la référence).
A propos : il vaut mieux boucher les guides de soupape pour le micro-billage : un bon plan pour ça, c'est les bouchons d'oreille jetables en mousse!
Elles sont propres, mais bon... Il y a matière à améliorer les choses. C'est pas un foudre de guerre le pied-moul' d'origine, s'il y a un cheval à grappiller par-ci par-là, faut pas s'en priver. Et les culasses sur un moteur VW, c'est le nerf de la guerre...
Alors on se retrousse les manches et on y va!
Pour commencer, les sièges de soupapes sont retouchés trois angles pour améliorer le flux (il y a une vilaine marche d'origine) : faut y aller tout doux, y'a pas beaucoup de viande pour travailler.
Ensuite, les soupapes sont nettoyées et légèrement modifiées : montées sur une perceuse à colonne, et retouchées à la lime électrique. Lissage, la tête un peu diminuée pour retirer le bossage... Le but est toujours d'améliorer le flux ; tout doux encore, y'a pas beaucoup de matière.
Les soupapes sont rodées sur leurs sièges, et les demi-clavettes de queues de soupapes réduites (au niveau du plan de contact, pour bien plaquer sur la soupape ; les clavettes se touchaient et du coup avaient du jeu sur la soupape).
Puis les conduits sont légèrement repris, pour retirer les marches, marques de fonderies, alignement siège/conduit, etc... Dremel et fraiseuse pneumatique, et on lisse tout ça.
Ensuite : d'origine, le rapport volumétrique était de 6.6 (d'après la RTA), ce qui était ok avec les carburants des années 60, mais franchement dépassé avec notre Super 98 : un 8.5 serait mieux, pas de risque de cliquetis, plus de watts et meilleur rendement.
Je mesure donc mon deck height (0.88mm) et le volume de chambre d'origine (48.75cm3) : je tombe sur un RV à 6.64, ce qui correspond bien à ce qu'annonce la RTA.
Pour augmenter ce RV, pas 36 solutions, faut diminuer le volume de la chambre de combustion, et pour ça descendre le fût de cylindre dans la culasse, en vérifiant régulièrement le volume obtenu, et recalculant le RV (à ce propos, il y a une super calculette sur F4E pour ça...).
Entre le centrage au comparateur, le réglage de la tête (automatique, bel outil), les mesures régulières, c'est un jour et demi de travail qui y sont passés.
Au final, en descendant de 3.2mm, on est arrivés à 35.6cm3 de volume de chambre, et donc un RV de 8.51. Woohoo!
Même punition pour l'autre culasse, descendue de 3.15mm pour avoir les mêmes chambres.
Evidemment, avant de se lancer dans cette modif, il faut vérifier la levée des soupapes pour ne pas qu'elles touchent les pistons à pleine levée... Dans mon cas pas de soucis, il doit bien me rester 5mm, je suis large.
Sauf que maintenant, les fûts de cylindres ne touchent plus au fond de la chambre, mais en haut sur la première ailette de la culasse ; on sort donc la "bête à corne" et on rabote de 1.2mm, jusqu'à ce que les cylindres plaquent bien au fond des chambres (on vérifie avec un jeu de cale, 0.2mm de jeu entre cylindre et culasse, tout va bien!).
Par contre, sur la culasse droite (cylindres 1 & 2), j'ai l'ailette qui est devenue vraiment fine, façon lame de couteau... Pas top, mais bon. Je vivrai avec.
Finalement les chambres sont légèrement retouchées à la Dremel pour supprimer les angles vifs que l'usinage a créés (sources de points de chauffe et de cliquetis), et ça y est, elles sont prêtes à monter!
Ouf... Tout ça pour ça!
Sur ces photos, on voit un effet de "vaguelettes" sur la culasse après usinage : l'ailette commençait à devenir un peu fine et se mettait à vibrer sous l'outil se la fraiseuse.
C'est bien beau tout ça, mais du coup le moteur est plus court de 3.2mm de chaque coté! Il faudra donc retailler les tiges de poussoirs pour prendre en compte cette réduction, sinon la géométrie de la culbuterie sera dans le sac... Mais ça, ça peut attendre pour le moment, je reviendrai dessus plus tard.
Pompe à huile
Le couvercle de pompe à huile était bien marqué... Je l'ai plané sur marbre au papier verre à l'huile pour lui virer ces marques vilaines d'usure.
Le corps de la pompe à huile est microbillé, son tenon meulé pour éviter toute interaction avec l'AAC, et ses conduits alignés avec ceux du bloc. La face est légèrement planée aussi, juste pour virer les traces d'oxidation, elle était propre.
Bonne pour le service!
Fermeture du bloc
Pour bosser propre, j'avais déjà microbillé toute la visserie (ouais, je vais me faire un T-Shirt "I ? microbilleuz"), et j'ai passée tout ce p'tit monde au taraud/filière. Les goujons de culasses ont été décapés (au tour, ça va vite), passés à la filière, et peints pour éviter la rouille (dans la famille Overkill je voudrais le fils).
Je n'ai pas fait beaucoup de photos de l'assemblage, il commençait à se faire tard et il fallait boucler...
On prépare donc la fermeture :
Pour l'étanchéité, le plan de joint d'un demi-carter est enduit de pâte anaérobie Loctite 518. Super produit : on peut prendre son temps pour travailler (elle ne sèche pas à l'air), elle est miscible dans l'huile (pas de risques de bouchage de galeries comme avec les pâtes silicone)... et j'adore son odeur!
Les coussinets vilo, et les paliers arbre à cames (pas de coussinets AAC sur pied-moulé) sont copieusement lubrifiés à la Wynn's Supercharge.
Les cames de l'arbre à cames reçoivent une couche de ZDDP ; un peu overkill encore au vu des ressorts, mais bon, tant que j'y suis...
Le bas des cylindres reçoit un petit congé de CAF ; idem pour les joints des tubes enveloppe.
Les écrous et rondelles de culasse qui se trouvent sous le cache-culbuteurs reçoivent une couche de 518 aussi, pour éviter les fuites d'huile par les filetages.
Les tubes enveloppe NOS (merci VW Classic via Slide Perf/Classic Store : 8,30€ pièce, ça pique, mais belle came) sont dégraissés et prennent une fine couche de peinture haute température couleur alu, histoire qu'ils ne rouillent pas direct.
Les tôles sous cylindres sont NOS aussi...
On vérifie une dernière fois, on inspire un grand coup, et y'a plus qu'à refermer :
Et.... Taadaaaaaa!!
Bon, on n'est pas encore sur la route hein, mais c'est une bonne étape de franchie!
La suite bientôt!