C'est bien beau de refaire le pied moulé, mais je possède cette caisse depuis 26 ans, et je n'ai jamais refait le système de freinage.
Alors oui, je n'ai pas énormément roulé, mais je ne suis pas à l'aise de continuer à conduire sans savoir exactement ce que j'ai sous la pédale du milieu - surtout que mon fils a bientôt 4 ans et n'attend qu'une chose, c'est de pouvoir partir balader dedans ! De plus, la (trop) longue immobilisation de la voiture ne lui a pas fait du bien, et j'ai déjà eu les freins qui bloquaient alors que j'essayais de déplacer la caisse à la main.
Alors on y va, le grand chelem, on refait tout à neuf : maître-cylindre, cylindres de roues, tambours, flexibles, garnitures, ressorts... Et tant qu'on est les mains dedans, roulements et kit étanchéité en même temps.
Les cylindres de roues, tout comme le maître-cylindre, avant d'être posés, sont démontés, nettoyés au liquide de freins (brosse à dents power), et graissés avec une touche de graisse ATE spéciale freins (miscible dans le liquide de frein DOT - attention de ne pas utiliser de graisse standard ici!).
C'est important parce que ces pièces, lorsqu'elles sont stockées trop longtemps, peuvent "coller", et du coup ne pas fonctionner correctement. C'est une manip de plus, mais la différence de frottement est flagrante.
Freins Arrières
Allez, on s'attaque au démontage, c'est bien gras tout ça... Il était un peu temps de changer les garnitures, hein ?
Au passage j'en profite pour nettoyer tout le train arrière, trompettes, boite, cornes de châssis... WD40 en spray, pinceau et huile coude pour virer 60 ans de gras/poussière/merdouilles diverses. C'est toujours plus sympa de bosser sur du propre...
Mauvaise surprise au démontage, le flexible arrière droit était tellement serré et corrodé sur ses canalisations rigides, impossible de le démonter (et j'ai vraiment tout essayé, chaleur, dégrippant, pince étau sur la clé à tuyauter...). J'ai fini par tout couper et refabriquer deux canalisations rigides neuves.
Comme tout est démonté, j'en profite pour changer les roulements arrière, en bricolant un outil pour les sortir.
Ensuite comme d'habitude, nettoyage, microbillage, et peinture pour remonter du propre ; les plateaux sont nickel sous la crasse - surprenant. J'utilise de l'Hammerite en bombe pour la peinture, pour voir, je n'ai jamais utilisé ce produit sous cette forme avant.
Il ne reste plus qu'à biseauter légèrement les garnitures de freins à la lime, je les dégraisse bien au nettoyant freins, et je remonte tout ce petit monde au propre, avec la petite touche de graisse cuivre aux points de frottement...
Le tambour était à la cote limite (231mm) et bien marqué par les garnitures. C'était les tambours d'origine, datés juillet '59, ils avaient fait leur temps : hop, on change !
Les tambours arrière en repro n'ayant pas le trou prévu pour remettre les "oil slingers" d'origine, en avant, on mesure 12 fois, et on perce Ø8mm. Un peu de meulage à la Dremel coté intérieur, et ça se monte.
Et il n'y a plus qu'à les mettre en peinture : dégraissage, ponçage léger, re-dégraissage, masquage, re-re-dégraissage, et trois couches d'Hammerite en bombe (hey, les gars de chez Hammerite, va falloir penser à me sponsoriser à un moment hein). Le résultat est propre, mais je ne suis pas sûr de la tenue dans le temps. A surveiller.
Un truc pour peindre en hiver : je mets les pièces dans un gros carton avec un chauffage de chantier devant... Ca permet d'avoir la température nécessaire pour que la peinture prenne correctement. Je mets d'ailleurs les pièces dedans avant même la première couche, pour qu'elles ne soient pas trop froides et éviter un phénomène de condensation ; la bombe de peinture aussi y fait un stage avant utilisation, pour que la peinture soit plus fluide à l'intérieur.
Au passage j'ai remplacé les butées de suspensions qui avaient été coupées par l'ancien propriétaire pour éviter de buter après avoir droppé la caisse. Mais je roule à hauteur d'origine maintenant, autant les remonter propre...
Et hop, deux tambours arrières prêts à remonter ; on sort la grosse clé dynamo pour serrer les écrous à 30mkg, et y'a plus qu'à passer à l'avant!
Freins Avants
Coté platines de freins, même punition qu'à l'arrière, mis à part un décapage à la brosse rotative sur perceuse parce que je n'avais pas encore ramené compresseur et sableuse de l'ancien atelier...
Et puis pareil, on remonte tout à neuf, avec la petite touche de graisse cuivre... Attention, le plus gros des deux ressorts se montent coté cylindre de roue, je m'étais loupé la première fois...
Coté intérieur, même punition qu'à l'arrière, j'ai refait le rigide de frein droit, qui était vraiment pas beau à voir.
Les tambours avants étaient encore à la cote (tout juste), j'aurais pu les conserver... Mais après réflexion j'ai préféré les changer aussi pour passer tout en neuf et avoir l'esprit serein. Je garderai les anciens de coté à tout hasard...
Les roulements avant étaient bien cuits : cage cassée, billes qui foutent le camp, de la limaille dans la graisse... Il était temps. Ceux que je monte sont coniques à rouleaux, ce qui ne semble beaucoup plus mécanique que les roulements à billes qui était en place.
Je dépose et remonte les roulements avec la presse hydraulique que j'ai trouvée jetée aux encombrants - comme quoi ça vaut toujours le coup de faire les poubelles.
Je repose les tambours en remplaçant les écrou/contre-écrou d'origine par un gros écrou fendu avec vis BTR, comme sur les montages plus récents, dont le serrage est plus facile à régler.
Pédalier
Tant que j'y suis, je sors le pédalier pour lui refaire une jeunesse. En plus, avant que je ne devienne propriétaire de cette voiture, certaines pièces avaient été repeintes d'un horrible jaune/vanille pisseux que je ne supporte plus depuis longtemps. J'en profite pour repeindre le pédalier, donc, qui passe en L87 PearlWeiss, comme les jantes... Décapant peinture, microbillage, apprêt, 3 couches de peinture : beaucoup mieux.
J'utilise, pour voir, une bombe de peinture L87 de chez Sprido, à 18.50€. Le résultat est propre, j'essayerai probablement la même chose sur le volant à l'occasion.
Pour me débarrasser entièrement de ce jaune vanille moisi, il me restera encore les embases de sièges, la colonne de direction, le volant, la barre sous la banquette arrière, et le cache de circuit électrique dans le coffre avant, mais ça devra attendre un prochain épisode.
Le frein à main, levier de vitesse et les jantes avaient déjà été débarrassés de ce jaune minable quand j'avais passé la caisse en carrosserie pour un voile... En 1998!
Au passage, tant que le pédalier est sorti, j'en profite pour changer câble d'accélérateur et d'embrayage. Mesure préventive, mais les deux n'étaient pas beaux à voir.
Bon, évidemment, rien n'est jamais simple, le câble d'embrayage n'était pas le bon modèle, trop court, et le câble d'accélérateur accrochait quelque part... Mais bon, après tout redémonté et monté le bon modèle, ça va mieux. Il ne reste alors plus qu'à filer un coup de pompe à graisse dans le pédalier, et le feeling aux pédales est complètement différent, bien plus fluide. On verra en roulant !
Allez, une purge et on a de quoi s'arrêter en sécurité, ça suffit pour aujourd'hui... Bonne route à tous!