Bon, même s'il me reste quelques bricoles à fignoler, il est temps de jeter un oeil sur le Terrasse Project terminé...
Voila, donc, en photos, le résultat final! (cliquez ici pour voir l'état "avant").
Cela fait maintenant plusieurs mois que la terrasse est terminée, les decks ont déjà passé un hiver et un été complets... J'ai donc un peu de recul sur les choix que j'ai pu faire.
Construction
Ca aura été plus de boulot que ce que j'avais initialement imaginé!
Si vous vous attaquez à un projet de ce type, et que vous êtes un peu pointilleux comme moi, ne vous attendez pas un un "weekend project".
Rien que pour ce qui est du vissage : au total, près de 1000 vis y sont passées! Dont la grande majorité nécessitait un trou fraisé auparavant, ajusté au millimètre pour que le rendu soit nickel... Tout ça ne demande pas d'énormes compétences, et est à la portée de tout bricoleur un peu outillé ; par contre, cela prend du temps, beaucoup de temps, pour que tout s'aligne correctement.
Du choix lames avec rainures vers le haut
Les lames de terrasse en bois exotique comportent, généralement, deux faces. L'une est soit lisse, soit légèrement structurée pour la rendre antidérapante. L'autre face présente de profondes rainures dans le sens de la longueur, dont le but premier est à ma connaissance de faciliter le séchage du bois à cœur (et ainsi réduire le "time to market", le délai entre le moment où l'arbre est abattu et la commercialisation du produit fini) et d'éviter que la lame ne se fende.
Bien que cela ne soit pas prévu ainsi, j'ai choisi de poser mes lames avec cette face "verso" vers le haut. Un choix purement esthétique, les rainures profondes ayant un aspect plus graphique (...) à mes yeux.
Je craignais deux choses : d'une part, le risque d'échardes, à cause de l'angle droit au bord des rainures... Mais après un an exposé aux intempéries, tout va bien, pas d'écharde en vue, ouf!
Je pensais aussi que les rainures risquaient d'être difficiles à nettoyer (genre aiguilles de pin, etc). Il n'en est rien, ça se nettoie très bien au jet d'eau, du moment que les rainures sont bien alignées d'une lame à l'autre.
Par contre, ce que je n'avais pas vu venir, c'est la difficulté d'application des produits de protection (huile ou saturateur). Pour un rendu impeccable avec ces produits, il faut en essuyer l'excédent avec des chiffons après une courte période d'imprégnation... Et essuyer au fond des rainures, c'est pas une partie de plaisir!
Je ne regrette pas mon choix pour autant, ce type de traitement ne se faisant qu'une à deux fois par an...
Traitement
J'ai fait le premier traitement à l'huile Starwax : j'étais satisfait du résultat, aspect mat/huilé et bonne résistance à la pluie qui perle à la surface du bois.
Mais un spécialiste m'a dit que pour les terrasses (surfaces horizontales), il valait mieux utiliser un saturateur, et réserver l'huile au mobilier bois... Dont acte, printemps 2010, j'ai tout traité au Saturateur terrasses V33.
Le résultat est bien moins chaleureux qu'à l'huile, aspect brillant, "plastifié". La protection est impeccable, c'est vrai, mais je pense que je reviendrai à l'huile l'année prochaine...
De l'utilisation du bois exotique
C'est un choix que j'ai fait, dont je comprends qu'il est écologiquement discutable ; la mode occidentale pour les bois exotiques accentue les ravages de la déforestation des forets primaires...
Renseignements pris auprès du vendeur, ce bois serait issu de forêts gérées pour une exploitation durable (label FSC, soutenu notamment par Greenpeace et WWF), tous les arbres abattus étant replantés - la GSB où je me suis fourni prêtant une attention particulière à l'origine de ces produits.
J'ai donc tenté de prendre des précautions... Mais je ne suis pas dupe non plus, je sais combien la corruption dans ces pays émergents (BRIC) permet d'obtenir les papiers officiels pour l'exportation de ces essences.
Reste de toutes façons la problématique d'utiliser des produits venant de l'autre bout du monde, dont le transport a une empreinte carbone non négligeable ; mais je ne voyais pas vraiment d'alternative...
J'aurais pu utiliser du "bois composite", mais je doute que sa production se fasse en Europe ; sans parler de l'immonde toucher "plastique" de ces produits.
Sinon, il existe bien des essences de bois européennes, imputrescibles elles aussi ; malheureusement, elles ne sont pas distribuées au grand public, il est très difficile de mettre la main dessus...
Bref, j'ai fait pour le mieux, en essayant de limiter la casse, mais j'ai bien conscience que ma solution n'est pas parfaite.
Coût
Je n'ai pas gardé toutes les factures (j'aurais dû!), mais j'estime le coût du projet complet aux alentours de 2300€, en matériaux seulement (hors outillage). Le poste le plus important est bien sûr le bois : à 17€ la lame d'almendrillo, ça va vite...
Voici en gros, "à la louche", les postes de dépense les plus importants :
960€ : Lames d'almendrillo
200€ : Lambourdes
150€ : Quincaillerie
240€ : Bacs bambous
230€ : 6 plants de bambous
180€ : 3 panneaux bois pour la séparation pare-vue
240€ : 2 érables
120€ : Matériel jardin japonais
Si vous attaquez ce genre de projet, budgétez "large", on oublie toujours des éléments, et cela peut chiffrer vite (ex: la quincaillerie, géotextile, produits de traitement, etc.)...
De la sécurité sur ce type de chantier
Un mot sur la sécurité : l'emploi de lunettes de sécurité et de gants va sans dire, évidemment. Mais ce genre de chantier où l'on utilise beaucoup la scie circulaire (dans un bois dur de surcroît), produit de grosses quantités de poussière de bois très fine. Poussière que vous n'avez pas du tout envie de respirer!
Pour ma part, j'utilise un masque à cartouches 3M , qui est agréable à porter (pas trop lourd, on fini par l'oublier) et dont la jupe caoutchouc reste bien étanche sur le visage. Oubliez tout de suite les petits masques papier avec 2 élastiques, qui ne protègent de rien du tout... Le plus difficile, finalement, est de trouver une paire de lunettes de sécurité qui soit portable en même temps que le masque!
Pour ceux d'entre-vous qui parlent anglais, il y a une excellente vidéo sur le sujet sur TheWoodWhisperer.com.
Dernier détail : j'utilise des bouchons mousse (jetables) pour protéger mes tympans. Le confort de travail est incomparable : le bruit de la circulaire ne vous pourrissant plus les oreilles, vous pouvez travailler à l'aise, en prenant votre temps. Et vous évitez du même coup le sifflement aigu dans vos oreilles en fin de journée!
Je sais, je suis très "sécurité sécurité", mais gardez à l'esprit que circulaire et défonceuse font partie de cette famille d'outils qui vous allégeront d'un doigt ou deux en moins de deux secondes et sans arrière pensée ; ces machines n'ont pas de cerveau, utilisez le votre. Votre meilleur allié, c'est votre bon sens: ne faites pas n'importe quoi avec ces jouets là, respirez un grand coup avant de mettre une circulaire en route (et ne le faîtes pas si vous êtes fatigué, c'est là que les accidents arrivent), vérifiez où son fil passe, où sont vos doigts, si la pièce à couper est stable et le restera en fin de coupe, etc... On n'a que 10 doigts, 2 yeux, et autant de tympans, hum?
En savoir plus
Quelques liens à étudier avant de se lancer :
Autoconstruction.info : ce site propose au téléchargement (payant) différents dossiers. J'ai investi 24€ pour avoir celui traitant des terrasses bois. Très bien documenté, beaucoup d'informations, une vraie mine de renseignements, je n'ai pas regretté mon achat (pub gratuite! )
TheWoodWhisperer.com : (en anglais) site généraliste sur la menuiserie/ébénisterie. Beaucoup de vidéos, très bien faites, sur la construction de meubles, l'outillage, la sécurité... Plein de tours de mains à apprendre. Incontournable.
WoodGears.com : (en anglais) autre site généraliste sur la menuiserie, beaucoup de vidéos. Tours de main, machines et mécanismes en bois, nouvel article chaque lundi.
Et beaucoup d'autres, bien sûr. Google est votre ami.
Je vous laisse, j'ai un canapé qui m'attend dehors.