Posté le 02/11/2012 à 13:22

Restauration du Crouzet-Valence

Vous vous souvenez du tour à métaux que j'avais rentré l'année dernière? (cf. post Crouzet-Valence VM125)

Ben j'ai commis l'erreur d'en démonter une pièce pour la nettoyer... Puis une seconde... Une troisième... Et bon, j'me suis fait avoir comme un bleu, alors que ce n'était pas du tout une priorité pour moi, j'ai fini par restaurer la bête en entier! icone smiley laugh
Je dois avouer qu'à force de trainer sur le forum usinages.com (j'y ai un topic sur la resto de mon tour ici), et de voir des machines restaurées à la perfection, la tentation était trop grande!

Peinture

J'ai commencé par peindre le bati, pour y voir plus clair. Dégraissage à l'essence F et éponge Scotch-Brite pour enlever le plus gros de la couche de gras qui couvrait l'ensemble (aidé de WD40 pour décoller la graisse figée sur le bac). Puis lessivage au Saint Marc, rincage, un coup d'alcool à 90° pour virer tout film gras résiduel (le chiffon doit rester blanc)...
Et enfin peinture Hammerite vert martelé au pinceau (pas évident à appliquer, mais résultat sympa).
Peinture du banc et de la broche : même technique que pour le bâti, essence F/Saint Marc/alcool à 90°/Hammerite... Pas mal de copeaux sont ressortis de dessous le carter de broche lors du nettoyage : de l'aluminium, de l'acier, du laiton, du bronze, du nylon ; il a servi à faire plein de choses différentes mon p'tit tour!
Sur les photos, on voit le banc debout, en équilibre peu stable : c'est le seul moyen de peindre le dessous et l'intérieur du banc. J'ai bien failli prendre l'ensemble sur la g... d'ailleurs, j'en ai eu mal aux cervicales pendant 3 jours... icone smiley sad

Boite des avances

Je m'attaque ensuite à la boite des avances.
Là encore, je ne voulais lui faire qu'un nettoyage global, sans démontage... Et je me suis un peu emballé. icone smiley wink
J'avoue avoir eu un instant de doute quand tout a été démonté, tous les engrenages sur mon établi... Mais finalement, avec un peu de patience, de méthode et d'organisation, ça se fait bien.
Certains trouveront "too much" le polissage miroir des paliers bronze, mais j'ai pas pû résister. icone smiley laugh

Traînard

Ensuite, c'est le démontage intégral du traînard, jusqu'à la dernière pièce... C'est là qu'il ne faut pas se planter : des dizaines et des dizaines de pièces, des vis de toutes tailles, des goupilles coniques qui ne demandent qu'à être perdues... Il faut être organisé : bacs, pots de confiture et sacs congélation pour rassembler les pièces par sous-ensemble, schémas d'assemblages, photos, tout est bon pour préparer au mieux le remontage et ne rien perdre dans la bataille.

Je vous passe le détail du nettoyage de chaque pièce, la méthode employée est systématiquement la même : dégraissage dans un bac à l'essence F, puis brossage à la brosse rotative montée sur perceuse (brosse en plastique bleue, "polissage doux") pour faire partir l'oxydation. Éventuellement, grattage s'il y a des traces de peinture, et un coup de 600 à l'huile sur les traces d'oxydation récalcitrantes.
Et enfin, remontage avec de la graisse/huile neuve, en réglant les jeux : ça, c'est la partie plaisir. icone smiley wink

Poupée mobile et mandrin

Reste encore la poupée mobile et le mandrin 3 mors à préparer. Pour le mandrin, il faut faire très attention de le remonter comme à l'origine, chaque mors à sa place, les pièces s'étant rodées entre elles.

Tiroir

Mon tour était équipé d'un tiroir à l'origine, bien pratique pour garder les outils protégés et à portée de main... Malheureusement, il était perdu depuis longtemps quand j'ai acheté l'engin. Donc, fabrication d'un tiroir de remplacement, en contre-plaqué de 10mm.
Un truc au passage pour la finition du contre plaqué : avant de le poncer, l’humidifier avec un spray ou une éponge, et le laisser pauser quelques minutes ; ça soulève le grain du bois et permet un ponçage fin, le rendu final est incomparable (sinon, le grain se serait levé avec la peinture, rendu final rugueux minable!).

Electricité

N'ayant pas le triphasé à l'atelier, j'alimente le moteur via un variateur de fréquence (un Altivar 31 de chez Schneider dans mon cas, super produit.).
Le moteur d'origine (1,5 kW/2CV, double vitesse) s'avérera en sale état. Je ne sais pas ce que ses anciens propriétaires lui ont fait subir, mais son axe de sortie était dans un état pitoyable, impossible de lui monter sa poulie sans jeu ni faux-rond, l'ensemble se mettait à vibrer à en faire tomber les murs... J'aurais pu envisager une rectification de l'axe, mais comme en plus le moteur "grognait" en charge, j'ai préféré changer l'ensemble moteur + poulie par du neuf. Pour 160€ l'ensemble (moteur de même puissance que celui d'origine : 1,5kW, 1500 tr/mn, poulie 160mm de diamètre) , je préférais avoir l'esprit serein de ce coté là.
Pour le panneau de commande, j'avais une idée en tête depuis un moment, je voulais une plaque en aluminium bouchonné. Mais je voulais que le bouchonnage soit vraiment régulier, je me suis donc fabriqué un guide.
La meule abrasive que j'utilise vient de chez PolirMalin, un peu chère mais elle fait bien son boulot. Les rosaces font 30mm de diamètre, j'ai décidé de les décaler d'un demi rayon par ligne pour obtenir un effet demi-lune plus joli... C'est un poil plus compliqué, mais le rendu est plus sympa, cf. schémas ci-après. C'est là que le guide devient un outil imparable!
403 trous borgnes percés précisément (j'en voyais plus le bout...) dans un bout de mélaminé qui traînait (pas idéal, mais ça marche). Les trous sur chaque ligne sont écartés d'un rayon de rosace (soit 15mm dans mon cas). D'une ligne à l'autre, je décale d'un demi rayon les trous.

Il reste plus qu'à placer les boutons ; j'utilise du scotch de peintre (deux couches) pour protéger l'aluminium pendant que perce. Comme on peut écrire dessus, ça me permet de repérer les endroits à percer directement dessus :
Pour l'armoire électrique, j'ai demandé un coup de main extérieur. Je n'avais pas forcément toutes les connaissances pour en faire une aux normes, et en plus le matériel acheté pièce par pièce revient vite cher...
Heureusement, un membre du forum usinages.com propose du matériel d'occasion reconditionné (un grand merci à Emmanuel "Turbo Gros Michel S.A" pour son aide et ses conseils!), et m'a préparé une armoire électrique complète : relais pour le variateur, la pompe et la lumière (je n'utilise pas ces deux derniers pour le moment, mais c'est en préparation), transfo BT 27V pour les commandes, transfo 12V pour l'afficheur de vitesse (en préparation aussi!), arret d'urgence avec temporisateur réglable 2.5s. pour le vario (qui n’apprécierait pas d'être coupé en charge, donc on attend que le moteur freine avant de couper l'alim)... Bref, une vraie armoire électrique, tout comme les grands! icone smiley smile

Résultat

Et finalement, le résultat... Un plaisir à utiliser, cette bécane! icone smiley laugh
Pour mémoire, l'état du tour à son arrivée à l'atelier, un petit "avant-après"...

Coût

Achat du tour : 200 €
Courroies : 30 €
Moteur : 140 €
Poulie moteur : 20 €
Variateur : 140 €
Armoire électrique : 170€
Divers (peinture, quincaillerie...) : 100 €
Total : 800€
Le prix de revient final reste très largement en dessous de la valeur de ce petit tour sur le marché...
J'm'en suis pas trop mal sorti sur ce coup! Enfin, c'est sans compter les dizaines d'heures de main d'oeuvre, bien sûr...icone smiley laugh

Mon seul regret : la taille du tour, trop petit pour reprendre un tambour de frein par exemple. Enfin, de toutes façons, un tour plus gros ne serait pas rentré dans mon atelier...

Bon, c'est pas tout ça, j'y retourne, j'ai des copeaux à faire. icone smiley wink
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